
Crusader Kings II fête depuis février ses cinq ans, mais malgré cet âge, le développement continue, avec des carnets hebdomadaires chaque semaine et régulièrement des nouvelles extensions.
La dernière en date est Jade Dragon, accompagnée de la mise à jour majeure 2.8, dont la parution est prévue pour ce jeudi le 16 novembre. Comme le nom l’indique, le tour est donc venu à la Chine et l‘Extrême-Orient, avec le plateau tibétain plus particulièrement, de recevoir son extension dédiée. L’importance de cette région étant souvent oubliée dans l’histoire médiévale, malgré son impact pour entre autres le commerce, étant donné qu’elle est située entre la Chine et l’Inde, avec la route de la soie qui passe à travers. L’une des idées principales de Jade Dragon pour Paradox Development Studio était aussi de vouloir satisfaire ceux qui voulaient voir et interagir avec la Chine dans le jeu, tout en gardant l’impact sur la performance au minimum, pour éviter une nouvelle débâcle dans ce domaine comme celle après la parution de Rajas of India. Cependant, l’extension n’est pas exclusivement consacrée à cette partie de la carte, et comprend aussi des nouveaux casus belli et les points de ralliement.
Système d’interactions avec la Chine réussi et bien intégré
Étant donné que la principale fonctionnalité de l’extension est l’interface permettant au joueur d’interagir avec la Chine, c’est aussi cet écran qui demeure le contenu le plus poussé et approfondi, avec le plus d’attentes de la part des joueurs. Cependant, la réalisation plutôt aboutie de cet aspect devient également l’un des points forts de Jade Dragon, par rapport à d’autres extensions avec un thème plus vague et large. Un exemple d’une fonctionnalité réussite sont les appréciations et détestations de l’empereur, qui sont déterminées de façon aléatoire, et qui pouvaient ainsi initialement paraître comme une mécanique compliquant les interactions sans trop apporter au jeu, mais reste une limite finalement assez flexible et transparente. Quant aux interactions, l’équilibrage en est plutôt bien fait, avec des coûts de grâce adaptés aux bonus que chaque interaction apporte. En outre de cela, elles permettent aux joueurs de faire des choix stratégiques, entre plusieurs petites faveurs comme des accords de paix ou des artefacts, ou de garder la grâce pour une faveur plus importante, comme la demande d’invasion. La possibilité de payer le tribut de différentes manières ou d’entreprendre une action hostile sous diverses formes permet en même temps d’aussi utiliser l’interface pour un autre type d’actions, ce qui fait qu’il y a finalement toujours quelque chose à faire pour le joueur en relation avec la Chine.

Un empereur jurchen s’est imposé sur le trône dans ma partie avec le Tibet
L’intelligence artificielle chinoise n’hésite pas non plus pour acquérir des tributaires ou d’envahir si elle est d’attitude belliqueuse, ce qui ajoute une nouvelle dimension dynamique au bord de la carte qui n’existait pas auparavant. Et pour les plus téméraires qui osent piller la Chine en entreprenant une action hostile, ce n’est pas seulement une façon de gagner un peu plus de revenus ou d’artefacts, mais aussi un risque avec des personnages qui peuvent s’inviter dans votre service sans être tout à fait dévoués à votre cause… Malgré le risque de voir cet écran devenir un mini-jeu dans le jeu, l’ajout est finalement bien intégré avec le reste de la partie, et même si l’écran est dans un recoin de l’interface, il est facilement accessible et les nouvelles de la Chine permettent de suivre les développements internes de l’empire du Milieu sans trop de difficultés. Si la route de la soie est ralentie pour une raison ou une autre, il est donc facile de repérer pourquoi, ou encore si une nouvelle dynastie risque de déposer la précédente, le joueur est averti à l’avance et a donc le temps de dépenser sa grâce sans tout perdre.
Du contenu pour toute la carte, avec des casus belli, aventuriers ou livres
Une autre fonctionnalité qui ajoute une nouvelle dimension aux parties avec le nouveau contenu téléchargeable sont les huit différents casus belli. Non seulement ils apportent une nouvelle raison de guerre qui parfois manquait contre un royaume voisin qui pouvait se montrer particulièrement audacieux sans trop de répercussions, mais aussi, et c’est plus surprenant, ces nouveaux types de conflits ajoutent une nouvelle dimension et dynamique au jeu, avec des guerres qui ne sont plus simplement des conquêtes. À la place, un événement peut donner une occasion de libérer religieusement un pays limitrophe, et ainsi installer un autre dirigeant de votre religion sur le trône. De plus, il y a désormais un choix stratégique entre les deux différents types de tributaires, qui apportent chacun des avantages, mais aussi des désavantages.
Pour accentuer ce sentiment de partie dynamique et changeante, les aventuriers peuvent désormais jouer un rôle différent dans les parties, avec non seulement l’ajout des aventuriers en provenance de Chine, mais aussi la nouvelle possibilité de négocier directement, pour essayer de trouver une solution aux litiges sans passer par les armes. Il ne faut pas non plus oublier l’apport des nouveaux artefacts, une autre mécanique qui n’est pas directement liée à l’Orient mais qui ajoute néanmoins une autre aspect de la partie, cette fois-ci littéraire, avec la possibilité d’écrire un livre.

La décision permettant aux personnages d’écrire un livre de choix est un apport intéressant qui accentue le côté de jeu de rôle déjà présent
Un équilibrage qui pose toujours des problèmes
Malgré les efforts de Paradox avec la correction de nombreux bugs et l’ajout des nouveaux réglages du jeu dans la mise à jour gratuite 2.8, qui comprend aussi des nouvelles cultures et religions, mais surtout une importante refonte de la carte du jeu de plusieurs régions, des problèmes avec l’équilibrage persistent. Comme exemple il y a la conquête systématique des puissances italiennes de l’Afrique du Nord, qui indique clairement qu’il y a un problème pour l’équilibre entre les pays musulmans et catholiques en début de partie. Il reste toujours aussi un certain nombre de bugs, nouveaux ou anciens, ce qui est inévitable lors de toute sortie, mais cela reste jouable, surtout que la prochaine mise à jour est déjà en cours de développement, et que le correctif inévitable ne va pas tarder.

Les nouvelles provinces et duchés sur le plateau tibétain dans la mise à jour 2.8
Un côté négatif concernant l’extension est par contre l’inclusion des points de ralliement dans l’extension, qui paraît un peu étrange comme contenu payant et hors cadre par rapport au reste des ajouts de Jade Dragon, surtout qu’elle avait initialement été annoncée comme gratuite, même si la mécanique reste très pratique pour assembler les armées. Il y a aussi d’autres aspects qui n’ont pas été traités dans l’extension et qui auraient pu permettre plus de choix intéressants, comme par exemple l’utilisation du nouveau système d’interface pour interagir avec les aztèques de Sunset Invasion ou l’ajout de sociétés spécifiques liées à la Chine, mais cela reste plutôt marginal et sera peut-être exploré dans des futures extensions.
Musique et graphiques
Comme toujours, la musique et les graphismes de l’extension sont bien réalisés, avec à la fois un souci de réalisme pour les portraits chinois et tibétains et un aspect immersif avec la musique et les nouvelles images pour les événements. La musique pour Jade Dragon ayant été réalisée par le Studio Audinity, il y aurait pu avoir un contraste par rapport à la bande de son original, ce qui n’est finalement pas le cas.