Act of War Gold Edition

Développé par Eugen Systems, Act of War : Direct Action se revendique comme étant un STR ultra réaliste. Pour l’extension, High Treason, on est carrément en face du premier STR moderne à concilier combats aériens, terrestres et navals. Tout ça est écrit sur la jaquette, c’est donc forcément vrai. Voyons quand même de quoi ça parle. Eugen Systems a décidé que le genre prenait un peu trop l’histoire ou l’heroic fantasy comme thèmes. Ils ont donc choisi un contexte plus actuel, avec des conflits actuels. Nous allons en avoir pour notre argent !

Jack (Bauer) c’est toi ?

Difficile de parler d’Act of War sans évoquer brièvement son scénario. Crise du pétrole, terrorisme à grande échelle (San Francisco se voit attaquer massivement dès les premières missions), équipes de soldats d’élite surentraînés plus efficaces que des divisions entières, sens du devoir et patriotisme à l’américaine… rien ne nous est épargné. Pour vous situer la trame se situe entre 24h chrono et les annonces récentes de la Maison Blanche. Autant dire que dans nos contrées où l’apologie du patriotisme n’est pas une valeur essentielle, ça a du mal à passer. Le seul détail qui change de l’ordinaire c’est qu’on a affaire à une groupe d’hommes d’affaires vereux, plutôt qu’a des terroriste en turbans (cfr C&C Generals). Ça limite légèrement les dégats tout en restant un rien douteux. Il serait néanmoins idiot de ne pas aller voir plus loin, quoique…

Retour aux sources

Premier point intéressant, et non des moindres, on retrouve un gameplay très proche de la série C&C. Pas d’âge à passer (enfin si un peu quand même, mais ça se voit moins), ni de péons à sortir en masse. On revient au bon vieux duo chantier/collecteur pour les activités non militaires. Ça n’a rien d’une révolution, il n’empêche que ça fait un bien fou. Exit aussi la microgestion de l’extrême. L’IA des unités ne se débrouille pas trop mal en utilisant les bonnes unités contre les bonnes cibles. Par exemple, un groupe avec des mitrailleurs et des bazookas en mouvement offensif qui croise un peloton ennemi va naturellement viser les véhicules avec les bazookas et les fantassins avec les mitrailleuses lourdes. Par contre inutile d’espérer des initiatives fabuleuses. Un tank à côté d’un bâtiment en train de se faire détruire ne bougera pas de lui-même si l’unité ennemie n’est pas dans son champ de vision.
Autre point fort : la capture de prisonniers. Les fantassins ennemis agonisants peuvent être capturés et envoyés en prison. Chaque capture rapporte un peu d’argent et les prisons ont une rentrée régulière d’argent selon leur remplissage. Une idée originale plutôt bien exploitée.

Forces en présence

C’est très convenu, logique puisque ça met en scène de scénario décrit plus haut.

  • L’armée américaine avec du matériel existant dans la réalité (Abrams, Bradley, Apache)
  • La Task Force Talon : sorte de branche clandestine de l’armée US bénéficiant de moult équipements de haute technologie (exosquelette, Comanche, drone à la pelle).
  • Le consortium : bras armé des vilains patrons du pétrole qui utilise des méthodes de guérilla et du vieux matériel soviétique pour dominer le monde

D’un point de vue strictement ludique c’est plutôt réussi tant par la diversité que par l’équilibrage global. Finalement, c’est la seule chose qui importe.

Des Graphismes très Generals

 

Les villes dans lesquelles on se bat sont plutôt bien reproduites (Londres, San Francisco et Washington) avec une échelle bâtiments/unités crédible. Les carte hors villes bénéficient également d’un très bon design. La modélisation, effets et animations sont très réussis et correspondent bien à l’ambiance réaliste du jeu. Tout ceci a prix : le moteur graphique est relativement gourmand et n’a malheureusement pas la finesse de réglage d’un Age of Empires 3. Autre point faible, la caméra est proche du sol même en dézoomant au maximum. Dès lors il n’est pas toujours facile, vu la taille de certaines cartes, de gérer efficacement son armée.

Le bon air de la campagne

C’est lorsqu’on examine le contenu que l’on commence à se poser des questions. La campagne d’origine fait 14 missions. Durant celle-ci, le joueur est pris par la main de la première à la dernière mission. On assiste plus à un spectacle qu’on en est acteur, ce qui provoque rapidement l’ennui. Autre regret, le Consortium n’est pas jouable en campagne puisque l’on alterne entre US Army et Task Force Talon. Option surprenante, on a accès directement à toutes les missions si on le souhaite et même à chaque étape de celle-ci.
Les escarmouches et le multijoueur se résument à du simple deathmatch entre les trois factions disponibles. Les cartes sont prédéfinies et peu nombreuses. De toute façon le problème est vite oublié, le serveur de Direct Action étant désert.

 

Il y en a un peu plus, je vous le mets ?

Le jeu de base était très moyen… Bon d’accord il était totalement vide ! Heureusement son extension High Treason corrige le tir. Outre quelques unités supplémentaires,  on trouve deux nouveaux types d’unités : les mercenaire et les navires.
Les mercenaires sont des supers unités disponibles à un
coup assez élevé. En plus du coût de départ, il faudra vous acquitter
d’un entretien prélevé sur vos fonts de façon régulière pour les garder
à votre service. Vous pouvez à tout moment les renvoyer et récupérer un
pourcentage de votre mise de départ fonction du nombre de survivants.
Les mercenaires sont les même pour tous le monde, comme ça pas de
jaloux. Une gestion de ces unités plus proche de Earth 2160 avec le
système du premier arrivé premier servi et où certains mercenaires
refusent d’être enrôlés si leur pire ennemi l’est avant eux aurait
rendu la chose certainement plus intéressante.
Les navires ne sont jouables que dans un mode spécifique sur le net (ou via l’installation d’un mod développé à la demande des joueurs par Eugen Systems). Les navires ont chacun différents armements (les destroyers disposent d’hélicoptères pouvant larguer des sonard flottants, de canon AA et de canons classiques…) pour un résultat convainquant. Malheureusement l’IA est décevante et les joueurs ne semblent pas motivés outre mesure par ce mode de jeu.
Les nouveaux modes multijoueurs sont originaux. Outre les batailles navales, il existe également le mode Marine One (inspiré d’une mission de Direct Action) qui est un mode tactique où le but est d’escorter le président jusqu’à un point d’évacuation, le joueur ayant l’unité la plus proche de président le contrôlant (il est intuable). Enfin, le mode Scud octroie le seul silo à missiles de la carte au premier à l’atteindre, les armes tactiques et les systèmes d’interception étant impossibles à construire. Tout ceci pourrait faire de High Treason un jeu passionnant en multijoueur. Hélas avec une communauté de dix à vingt joueurs aux heures de pointes, les attentes sont longues. Accessoirement, les gens ne jurent que par le deathmatch, ce qui rend les nouveaux modes inexistants.
En solo, on a enfin une campagne digne de ce nom avec des missions assez difficiles (parfois même un peu trop, le dosage n’est visiblement pas le point fort d’Eugen Systems) et des cartes imposantes toujours aussi bien dessinées.
Dernier détail qui fait la différence: l’autopatch ne fonctionne pas et rien n’est disponible sur le site officiel du jeu. Heureusement  que certains sites le proposent en téléchargement direct. Regrettable car les intentions étaient bonnes. Les patchs ont ajouté un éditeur et corrigé le mode combat naval qui était bugué comme jamais au moment de la sortie.

Votre rapport sergent ?

Le jeu lui-même est plutôt réussi, mais la légèreté du contenu solo et le manque de joueurs sur internet en limitent fortement la durée de vie. Dommage, on aurait pu croire que le plus dur avait été fait avec une bonne jouabilité, des factions à vue de nez pas trop mal équilibrées (difficile de se faire une idée précise vu le manque de joueurs) malgré leurs différences et un suivi honnête de la part du dévellopeur. Un bon petit jeu serait-on tenté de dire, qui laisse malgré tout bon espoir concernant les productions futures d’Eugen Systems dans le domaine des STR.

Test effectué sur la version commerciale de la « Gold Edition ».

Les Plus

Les Moins

Appréciation globale