La Bataille pour la Terre du Milieu

Auteur : Czarziv

Alors que la mode « Le Seigneur des Anneaux » bat son plein, on se demandait quand est-ce que l’adaptation de cette saga verrait le jour dans le petit monde du jeu de stratégie. Et bien c’est chose faite. Et pourtant ce n’est pas une adaptation du roman de Tolkien que nous livre ici E.A., mais plutôt une adaptation jouable des films de Peter Jackson : les héros ont la tête des acteurs, des scènes du film sont insérées ça et là tout au long de la campagne et la musique est tirée de la bande son du film. On reste bien immergé dans le contexte !

Les Bases du jeu

Les races : il y en a 4 disponibles, pas très différentes les unes des autres, tout autant par les unités, structures et pouvoirs qu’elles présentent, mais différentes par leur façon d’être jouées. Mais voyons ça plus en détail :

L’Isengard (Orcs et Trolls, Forces du Mal) : les forces de Saroumane constituent une armée relativement traditionnelle : infanterie assez puissante, arbalétriers et Ouarg destructeurs en guise de cavalerie. Deux héros possibles pour eux : Lurtz, guerrier habile équipé d’un arc et d’une épée viendra soutenir vos troupes en attendant que vous ayez les ressources nécessaires pour faire apparaître le sournois Saroumane dont les pouvoirs ravageront les troupes adverses. Il peut aussi donner de l’expérience à ses troupes de temps en temps.

Le Mordor (Orcs et Trolls, Forces du Mal): les serviteurs de Sauron sont puissants et nombreux. Ainsi vous pourrez faire appel aux orques de manière quasi illimitée (ils sont gratuits une fois que le bâtiment adéquate a été posé), mais aussi aux trolls destructeurs, capables de faucher une armée adverse grâce aux troncs dont on peu les munir. Mais Sauron peut aussi compter sur l’appui du peuple haradrim, prêt à lui fournir des soldats ainsi que les célèbres oliphants (mumakil). Et que serait-il sans les Nazguls terrifiants et son Roi sorcier ? C’est une civilisation très variée et amusante à jouer.

Le Rohan (Humains et Elfes, Forces du Bien) : Le peuple du Roi Theoden est bien entendu axé sur la cavalerie. C’est la seule civilisation du jeu à posséder une unité archer montée, en plus de la cavalerie traditionnelle. Elle a aussi accès aux terribles archers elfes en renfort des archers classiques. La principale faiblesse de cette civilisation est l’absence d’un atelier de siège. Il faudra donc transformer une colonie en sanctuaire des Ents pour pouvoir enfoncer la citadelle ennemie : le coût est très important, mais l’efficacité aussi. Cependant, la principale force du Rohan est sans conteste son accès à un nombre de héros impressionnants, héros qui à l’instar d’Aragorn ou de Legolas, et du Nain Gimli se révèlent destructeurs et capitaux lors des combats. (Ils comptent même les morts).

Le Gondor (Humains et Elfes, Forces du Bien) : La tour Blanche apparaît comme la civilisation la plus défensive de ce jeu : des murs d’une solidité impressionnante (et améliorables grace à des tours puissantes et autres trébuchets), des emplacements surnuméraires pour la pose de bâtiments au sein de la citadelle (9 contre 7 pour le Rohan) leur permettent de mieux resister aux sièges. Ici, on n’entre pas comme dans un moulin ! L’armée est quant à elle assez classique : 2 types d’archers (dont les rôdeurs), 2 types d’infanterie (dont les célèbres gardes de la tour), et une cavalerie très solide. Quelques héros aussi, mais on ne retiendra quasiment que Gandalf dont la puissance est effarante, tout autant que son coût.

Ressources

Le système est plus que basique : une seule ressource, bien qu’elle ait des dénominations différentes selon les races. Pour l’accumuler, c’est assez simple, il faut construire des bâtiments à des endroits spécifiques, disséminés sur la carte (les colonies). La ressources s’accumulent alors régulièrement, sans aucune intervention de votre part. Pour le camp du Bien, seules les fermes rapportent des ressources. Les peuples du Mal peuvent quant à eux choisir entre la scierie et les abattoirs, qui diffèrent par les bonus qu’ils confèrent. Mais au fond, que ce soit du bois ou de la viande qui soit récolté, un seul chiffre monte. Ce système économique est des plus simplistes, même s’il est complété par une pléiade de bonus apportée par certains bâtiments (par exemple le nombre d’abattoirs posés réduit le coût des Ouarg pour L’Isengard).

La population (point de commandement) est aussi à prendre en compte, chaque unité ou phalange ayant une valeur en population différente. Et il est intéressant de noter que si le Gondor et le Rohan ont une limite de commandement fixée à 200, les forces du mal peuvent en accueillir le double. De quoi submerger vos assaillants sur le champs de bataille, en particulier pour le Mordor et ses Orques gratuits. Par contre, les unités des Forces du Mal ne peuvent pas se régénérer, comme peuvent le faire les autres, près d’un puits. Ils se régénèrent, mais très lentement. Ainsi donc, l’expérience des unités monte moins vite chez les Ennemis du Bien que pour le Gondor et le Rohan.

Les points de pouvoirs s’accumulent quant à eux lors des combats ou de la destruction de bâtiments. Et ils donnent accès à des pouvoirs de plus en plus puissants, qu’il vous faudra choisir au sein d’un arbre propre à chaque race, un peu à l’image de « Skills » pour ceux qui ont déjà vu un arbre de compétences (comme dans un jeu de rôle – il faut mettre des points dans une compétence pour avoir accès à la suivante). Et quand on voit l’impact de certains de ces pouvoirs, il va falloir choisir judicieusement. Il est à noter que les points de pouvoirs montent moins vite en mode Normal, qu’en mode Facile !

Les points stratégiques

C’est une tendance actuelle, on ne peut construire des bâtiments que sur les emplacements prédéterminés. On distingue donc :

  • Les colonies, sur lesquelles sont bâtis les bâtiments économiques ainsi que la chambre des Ents
  • Les postes avancés, qui donnent accès à 3 emplacements de construction (pour les fermes mais aussi bâtiments militaires)
  • Les camps, qui donnent accès à un grand nombre d’emplacement ainsi qu’à de faibles murs et quelques tours.
  • Les châteaux, qui vous permettent de reconstruire une citadelle aussi puissante que celle que vous possédez au départ.

Gameplay

Le jeu est très facile à prendre en main, du fait de la simplicité du coté économique : on pose quelques fermes, un bâtiment militaire et c’est parti pour la production d’unités. Heureusement que la diversité des cartes est là pour donner un peu de punch à un départ somme toute très mou.
Les formations des unités qui leur confèrent différents bonus accompagnés de malus (ex : la formation en ligne des piquiers donne +25% armure mais aussi -40% vitesse) permettent de pimenter les combats. En revanche, les unités ne répondent pas toujours très bien aux ordres, et elles ont une certaine tendance à la passivité (une unité qui se fait tirer dessus ne va pas réagir).

Mis à part la formation de groupes et la selection des héros à l’aide d’icônes à leur effigie en bas d’écran, la gestion des combats ne peut se faire qu’en sélectionnant directement une unité sur le champ de bataille. Il vous faudra compter sur votre precision à la souris pour sortir un troll abîmé des premières lignes du front. Dommage qu’ils n’aient pas prévu cela. A part les numéroter (CTRL+1…9) il est très difficile de repérer qui tire sur qui. Aussi, une fois groupé, un groupe ne se dégroupera plus jamais. (Pourquoi ???)

Tout comme dans Warhammer 40000, on peut équiper une unité avec une armure améliorée, des flèches enflammées, etc … moyennant un certain coût, et si cette amélioration a été recherchée dans l’armurerie. Les héros ont bien entendu un rôle crucial et ils devront être micro-gérés avec soin pour faire le maximum de dégàts. (Chaque Héros apporte une Aura ou des pouvoirs qu’il confère aux unités voisines).

Un jeu donc grandement basé sur la micro-gestion lors des combats alors que les repères sont difficiles lorsque votre armée grandit (Zog ! Surtout chez les Orcs où règne un véritable « bordel »). Le seul problème c’est qu’il faut une configuration très puissante pour faire tourner ce jeu, et à moins d’avoir une bête de course, attendez vous à des ralentissements gênants* plus le nombre d’unité augmente sur la carte. La micro en est grandement amoindrie, et on se retrouve plutôt en spectateur devant de grosses tueries qu’en chef d’orchestre d’une bataille finement menée. Décevant.

Graphismes et sons

Ils sont assez réussis, et on comprend pourquoi le jeu demande autant de capacité. Les unités possèdent quelques animations, qui les font par exemple sauter de joie lorsqu’elle viennent de remporter une bataille, un troll se gratte la tête avant de se relever lors d’une attaque, des animaux sauvages parcourent la carte (Zog! Non il n’est pas possible de les manger). Les pouvoirs ont un très bon rendu (l’invocation du Balrog est au moins aussi belle que destructrice). La gestion de la caméra est aussi très pratique : il suffit en effet d’un clic sur la molette, puis de faire pivoter la souris pour voir le champ de bataille sous l’angle de vue souhaité. Un nouveau clic de souris remet la vue de depart.

Coté son, nous ne nous étalerons pas, car c’est bien simple : si vous avez aimé la bande son du film, vous aimerez celle du jeu, car c’est la même 😉

Mode Solo

Il est assez restreint et classique, il n’y a que 2 possibilités : incarner les forces du bien ou du mal, avec quelques passages de RPG pur (dans les mines de la Moria, la tentative de capture du porteur de l’Anneau par les Ourouk d’Isengard ou lorsque Sam doit sauver Frodon d’ Arachne). Vous parcourrez toute la Terre du milieu, sur des lieux aussi diverses que la foret de Fangorn, le gouffre de Helm ou les terres de Rhun. Les campagnes ne sont pas linéaires, et vous pouvez choisir d’aller directement à l’essentiel ou alors nettoyer toute la carte de vos ennemis au sein de missions annexes. A noter que les unités qui survivent à une mission vous accompagnent dans la suivante, ce qui est intéressant vu que les unités peuvent monter en niveau. Et une unité de niveau 6 annihilé elle seule 3 ou 4 unités ennemies de niveau 1 !

La campagne est aussi parsemée de cinématiques de vue dans le jeu, un peu comme dans Warcraft, mais la qualité n’est pas vraiment au rendez-vous, par rapport aux cinématiques, plus réussies des jeux actuels – je pense notamment à celles de WoW 😉

Enfin, pour clore ce mode solo, vous pouvez vous entrainer contre l’ordinateur en mode Escarmouche qui permet de jouer en allié ou en ennemi contre un ou plusieurs ordinateurs en incarnant la civilisation de votre choix. Le nombre de cartes est relativement important. Un bon point que l’on ne retrouve pas forcèment dans certains derniers RTS.

Le mode multi joueurs

Vous pouvez aussi essayer de coller une volée à votre voisine de palier sur Internet (vous savez celle qui passe systématiquement l’aspirateur le jour où vous avez decidé de faire la grasse matinée).
Il est ainsi possible de créer des parties rassemblant jusqu’à 8 internautes.
Pour cela, le jeu dispose d’un serveur intégré. Le seul hic c’est que c’est sûrement le plus mauvais serveur multijoueur qu’il m’ait été donné de voir : pas de liste d’amis, pas de salon privé, et un detail très énervant : lorsque vous êtes sur un salon de discussion et que vous allez regarder la liste des parties, vous quittez le salon. C’est à dire qu’on ne peut pas jongler entre les 2 écrans, et que lorsque vous revenez sur le salon de discussion, tout ce qui a été dit pendant votre absence n’est pas marqué. C’est comme si vous rentriez pour la 1ere fois dans le salon. C’est aussi très penible quand vous avez crée votre partie et que vous voulez y inviter des joueurs. Impossible de retourner sur le salon de discussion sans quitter votre partie.
Le système de classement donne votre classement sous forme de rang. Pour consulter votre nombre de points, il faut se rendre sur un site spécifique.
Un seul mode de victoire est possible, l’
anéantissement total de votre adversaire, ce qui peut se révéler particulièrement rebarbatif si votre adversaire joue le gondor et qu’il se terre chez lui avec moult archers et trébuchets. Les parties peuvent donc s’éterniser.
L’équilibrage entre les races n’est pas bon, mais quoi d’étonnant pour un jeu avec des races si différentes.

Les Plus

  • – Respect de l’oeuvre originale (malgrès de petites interprétations necessaires à un RTS)
  • – Durée de vie correcte
  • – Mélange réussi RPG/RTS

Les Moins

  • – Necessite une configuration musclée
  • – Quelques « absences » de commandes pour la gestion des unités.
  • – Pas d’éditeur de cartes / missions.

Appréciation globale

Un jeu très (trop?) simple à prendre en main, des unités faciles à repérer sur la carte, l’ajout des héros (courant dans les RTS actuels) et la possibilité d’utiliser des pouvoirs plus ou moins puissants durant le jeu.Cependant, il est à déconseiller à tous ceux qui n’ont pas une configuration à la hauteur, car le jeu est très (trop?) gourmand en ressources (à moins que les ralentissements ne vous dérangent pas, par exemple quand il s’agit de l’assaut de La porte Noire où il y a facilement 1000 unités à diriger sur la carte !). Si vous aimez les longs sieges et que vous êtes un fan inconditionnel du Seigneur des Anneaux, alors l’univers va vous ravir. Les joueurs multiplayers aguerris ne trouveront là qu’un jeu moyen les distrayant quelques temps en attendant l’arrivée d’un vrai hit.