The Settlers 7 A l’aube d’un nouveau royaume

1993. Année où un jeu différent des autres arrivait. Le jeu PC est en train de faire sa révolution. Il s’ouvre vers d’autres horizons. Après l’excellent Dune 2, un nouveau jeu de stratégie sort. Il s’agit de « The Settlers ». Ce sera le premier jeu à proposer la gestion des ressources humaines. D’une colonie, vous devrez gérer toutes les ressources pour étendre votre royaume et prospérer, le tout en temps réel. Dix sept ans plus tard, le septième opus voit le jour.

.La série Settlers est assez particulière. Si Blue Byte a fait l’unanimité lors des premiers épisodes, les suites n’ont pas autant convaincu, voir même ont été très vertement critiquées. La chute commence tout simplement avec la perte d’identité du jeu. Blue Byte cherchant à élargir son public, et très fortement inspiré par les grands succès du STR, va orienter son jeu de plus en plus vers les combats et la dynamique de ces derniers. Ce virage aurait pu être réussi si tout avait évolué, c’est-à-dire en simplifiant l’économie, et surtout en s’appliquant d’avantage sur la finition du produit. Le pire aura été atteint avec Settlers 5, STR médiéval météorologique faisant la part belle aux combats. Mais Blue Byte, semble avoir compris la leçon. Retour au plus classique avec Settlers 6. Aujourd’hui, le septième opus est sorti. Pour le meilleur ? Blue Byte a-t-il renoué avec le succès du début ? .

Settlers, un vrai …. enfin

Dès le lancement du jeu, un sentiment vous imprègne. C’est un Settlers, à n’en pas douter. Mais différent. Le jeu prend place pendant l’Europe de la renaissance, au royaume fictif de Tandria. Les principes de base sont jours les mêmes. Vous disposez d’une petite colonie, qui devra s’étendre et s’imposer aux autres. L’évolution majeure concerne la victoire, car elle se fait grâce à des points que vous acquérez de trois manières : militaire, économique ou technologique. J’y reviendrai plus tard. Restons sur le développement de votre royaume. Pour prospérez, il vous faut des matières premières. Les plus basiques sont le bois, les planches et les pierres. Vous devrez dès le début de la partie reconnaître les lieux les plus propices dans votre royaume mais aussi autour, pour savoir vers où vous étendre. Première grosse modification, une simplification de la gestion des bâtiments. Prenons l’exemple du bois. Dorénavant vous n’aurez plus à construire une cabane de bûcheron à un endroit puis une scierie à un autre. Vous n’aurez qu’à produire un pavillon unique qui possèdera deux extensions : une dédiée au bûcheron et une autre au scieur. Trois autres extensions existent pour ce bâtiment : pêcherie, chasseur et forestier. Vous comprenez donc que par ce simple bâtiment vous gérez une bonne partie de votre économie de base. Il vous faudra veiller à être suffisamment proche d’une forêt ou d’un cours d’eau pour être rentable. Bien sûr, un seul pavillon ne pourra accueillir au maximum que trois extensions. Enfin pour que ce dernier fonctionne, il faudra qu’il soit relié à une route. Tous vos bâtiment de base de ne nécessite aucune ressource pour fonctionner. Cependant si vous voulez évoluer, il vous faudra construire d’autres bâtiments qui vous permettront alors d’orienter votre axe de victoire. Car pour développer un des trois axes, l’économie associée sera suffisamment différente pour que vous ne puissiez jouer sur les deux tableaux.

.
Prenons l’exemple, de l’axe technologique et militaire. La théologie et l’église sont les piliers du développement technologique. Pour recruter des novices, vous devez avoir une église, de la bière et du poisson. Cependant pour votre bière, il vous faudra une brasserie, une ferme pour le blé et de l’eau. Si vous voulez recruter plus haut, un frère, il faudra rajouter un livre qui nécessitera la mise en place d’une papeterie et d’un relieur. Cette organisation de votre économie sera de plus en plus spécifique. A l’opposé, pour votre développement militaire, vous devrez recruter des troupes avec pour commencer des mousquetaires ou piquiers. Ils sont recrutés à la taverne, et nécessitent des pièces et de la viande raffinée. Ces derniers demandent une orfèvrerie et une boucherie. Sachez cependant que tout est assez intuitif. En fait en passant sur chaque bâtiment, il vous montre ce qu’il produit, tandis que les postes de recrutement vous montrent instantanément les ressources nécessaires.

 Du classique, oui, mais pas que …

Voilà pour ce qui est du basique de ce « Settlers 7 ». Passons à la grande innovation, les points de victoires et les trois axes de victoire. En fonction des cartes, vous devrez obtenir un certain nombre de points de victoire pour gagner. Certains sont définitifs et d’autres peuvent passer d’une personne à l’autre. Lorsqu’un joueur possède tous les points requis, un compte à rebours commence. Une fois terminé, le joueur a gagné. Les points définitifs sont différents pour chaque voie choisie..

L’expansion militaire

Commençons par l’expansion militaire. Il s’agit du mode d’expansion le plus direct et le plus simple à mettre en œuvre. Créez une armée suffisamment puissante pour contrôler la carte et conquérir les territoires adverses. Votre économie devra produire beaucoup de nourriture, de pièces d’or, mais aussi des armes, des chevaux et même des roues pour vos canons. Chaque armée peut être dirigée par un général. Cependant vous ne pourrez pas vous passez de développer votre axe technologique un minimum. Des bonus importants sont accordés grâce à la recherche. Vos points de victoires seront liés à la prise de position spécifique. Le statut Empereur vous accorde un point, il s’agit de contrôler les plus de secteur, le statut Général ou Maréchal vous sera accordé si vous avez battu les plus de soldats ou si vous possédez la plus grande armée. La conquête du plus grand nombre de territoire neutre vous sanctifie de « Roi Soleil ». Le contrôle militaire nécessite un très grand espace vitale, mais vous permet d’attaquer vos adversaires et de bloquer des routes commerciales.

L’expansion commerciale.

Le deuxième axe de développement est celui du commerce. Le commerce peut en effet vous permettre aussi de gagner, à condition d’avoir tout de même un minimum d’armée. Ça tombe bien car un commerce florissant vous permettra d’avoir beaucoup de mercenaires. Le commerce possède aussi cette redoutable efficacité de vous pourvoir en toutes sortes de ressources. Implantez-vous, développez votre commerce et vous pourrez vaincre n’importe quel ennemi. Vous ne disposez que d’un faible territoire, ainsi que de peu d’homme. Votre économie doit juste être suffisante pour produire laine et tissu pour des vêtements, mais aussi du fer, bijoux et des chevaux. Une fois vos commerçants recrutés, vous pourrez grâce à l’or gagné, acheter tout ce qui vous manque. Vous pourrez aussi corrompre un camp neutre, et vous achetez une armée pour protéger vos comptoirs commerciaux et vos ports. L’expansion commerciale, vous donnera les points de victoire suivants : Comptoir commercial spécial (comptoirs uniques sur la carte commerciale), Le plus de comptoirs commerciaux, et Banquier (le plus de pièces de monnaie). Tout comme par la voie militaire, le commerce vous aidera également à remporter le point Roi Soleil (le plus de prestige)..   .

L’expansion technologique

.
Déjà présentée plus haut, cette voie s’appuie sur l’église. Vous recrutez vos ecclésiastiques à l’église. Par la suite, ces derniers iront rejoindre des monastères pour débloquer des technologies. Les différents monastères situés sur la carte ont des spécificités différentes. L’un procurera des avantages militaires, tandis qu’un autre fournira une meilleure économie. A chaque technologie, correspond un nombre de novices, Frères ou Père. Plus la consommation d’ecclésiastique est important plus la technologie est intéressante. Cette voie sera toujours utilisée pour ces soutiens militaire ou économique, même si vous n’avez pas pour objectif de gagner par la voie technologique. Pour soutenir l’expansion technologique, produisez du bois, du papier, des livres, de la nourriture ordinaire et raffinée, de la bière ainsi que des bijoux. Vos novices pourront aussi asservir des points neutres de la carte. De plus chaque quête peut être menée à bien par un groupe d’ecclésiatiques. Enfin, les militaires ne peuvent vous bloquez l’accès à vos monastères, ce qui fait que vos armées seront restreintes à la défense, du moins en grande partie. Ce mode d’expansion permet d’obtenir les points de victoire suivants : Puits de science (le plus grand nombre de technologies), Génie (technologie spéciale) et Siège épiscopal (le premier à ériger une cathédrale).
Une différence par rapport à aux autres voies, est la compétition pour avoir une technologie. Le premier arrivé est le premier servi, la technologie ne sera plus acquise par d’autres joueurs. Vous pouvez interrompre une recherche ennemie en cours en envoyant plus d’ecclésiastiques que requis. Il s’agit d’une surenchère. Cependant, si votre expédition venait à être annulée, vos novices ne sont pas perdus, ils pourront être réutilisés pour une autre recherche. Cela rend le jeu, très tactique, y compris pour faire du bluff, cela peut forcer un joueur à dépenser plus de ressources pour avoir accès à une technologie, alors qu’elle ne vous intéressait pas, où au contraire, vous permettre de faire consommer les novices adverses pour garder les vôtres pour une recherche plus coûteuse..

Le système de récompenses.

Autre ajout de taille, le système de récompense. Dans Settlers 7, vous aurez droit à une récompense matérielle. Celle-ci s’observe lors de la conquête de secteurs neutres, de l’établissement de certains comptoirs commerciaux, ou encore lors de quête. Votre coffre aux trésors s’ouvre et vous pouvez choisir entre différents cadeaux économiques, technologique ou militaires.
Vous disposez aussi d’une autre récompense : le prestige. Il s’acquiert en produisant certains bâtiments de prestige, comme des fontaines, des extensions d’église … Ces points sont ensuite utilisables dans l’arbre à prestige. Vous accédez à des amélioration de votre royaume. Prenons l’exemple des routes, une fois améliorée, vous pourrez améliorer vos entrepôts, mais aussi employer des géologues. Ces derniers sont très importants car ils peuvent vous retrouver un gisement dans une mine considérée comme vide. Il convient donc de ne pas négliger ces points de prestige car outre le gain d’un point de victoire (roi soleil), ils appuient fortement votre économie et s’avèrent indispensable pour développer certaines voies.

Vous l’aurez compris, toutes ces choses font de ce Settlers, un très grand jeu de gestion mais aussi un jeu profondément tactique. La partie stratégique est minime. La gestion des combats se fait toute seule, vous ne faîtes qu’assister à la bataille. Vous pouvez cependant battre en retraite si le combat est perdu d’avance. On retrouve donc le véritable esprit de Settlers mais avec une vraie évolution du gameplay et une profondeur de jeu jamais atteinte pour la série..

L’esthétique.

Settlers, c’est aussi un style graphique. Les premiers épisodes vous montraient une animation remarquable de chaque royaume, le tout dans un style très féérique. Les technologies ayant évoluées, nous retrouvons ces mêmes inspirations dans une très grande beauté. Le jeu est sublime. Tout est détaillé. L’eau est très réussie, tout comme les animations de chaque personnage et animaux. Le zoom est très fluide. Il vous permettra de raser le sol et de compter les graviers, mais il saura vous élever jusqu’à la vue tactique de la carte. Des icônes au-dessus des ressources, apparaissent discrètement, vous donnant une lisibilité excellente. Comme vous le constatez sur les différentes captures d’images, le tout est assez remarquable de qualité.

Les musiques

C’est en fait la première chose qui vous accapare dans le jeu. La musique. L’écran est tout noir, l’aube se lève et vous entendez un chant d’influence celte ou bretonne. Cette musique vous ensorcelle. Vous me direz, ce n’est que celle du menu et vous avez raison. Mais durant le jeu, qui comme vous vous en doutez est moins nerveux qu’un Starcraft ou autre Command and Conquer, d’autres musiques s’enchaînent, toutes aussi réussies. Elles ne vous stressent pas le moins du monde, au contraire elles vous apaisent. Elles collent parfaitement avec l’ambiance du jeu, elles vous accompagnent dans votre progression et jamais vous ne vous en lassez. C’est assez curieux de ressentir ça pour un jeu, mais vous avez un peu aussi l’impression d’écouter un disque audio. Les bruitages ne sont pas en reste, et dépendent du niveau de zoom où vous vous situez. Vous souhaitez entendre le clapotis de l’eau, zoomez sur la rivière. Le bruit d’un four à pain, zoomer sur la boulangerie. Le bruit du vent, dé zoomez, mais oui, dé zoomez. Tout concorde à vous immergez dans ce monde, mais sans jamais vous submergez..

La campagne, le mode solo et le multijoueur.

Je ne m’attarderai que très peu sur cet aspect. Il s’agit tout simplement d’un tutoriel géant, qui vous permettra de savoir comment jouer à ce dernier épisode. Les dernières missions vous laissent seul pour gérer votre royaume et triompher. Le but est de reconquérir un royaume au bord du gouffre, et c’est à vous qu’incombe cette tâche. Votre héros est une femme, (faut-il y voir un élargissement du public visée), qui tour à tour gagnera ces lettres de noblesse pour reconquérir cet ancien royaume. Les vidéos d’introduction sont en revanche bien pensées. Mélange de conte et de livre animé pour enfant, encore une fois une certaine candeur s’en dégage, mais qui reste logique avec tout le reste.

Les escarmouches sont en revanches beaucoup plus intéressantes. Les cartes varient de 2 à 6 joueurs, et le challenge est assez relevé pour que vous preniez du plaisir à battre l’ordinateur. Tout ce qui a été dit dans ce test s’applique à l’escarmouche. Les parties sont assez longues mais vous pouvez sauvegarder sans condition, et prendre votre temps.

Blue Byte cherche visiblement à se faire pardonner ces échecs. Un multijoueur de qualité est aussi proposé. Prévoyez tout de même d’avoir du temps devant vous car les parties sont longues. Cependant le rythme est assez soutenu. Vous devez faire beaucoup de choses en même temps. Vous déployez, gérez vos stocks, lancez des expéditions commerciales, tout en ayant un œil sur ce que font vos adversaires afin de gagner ces précieux points de victoires. Horreur, mes armées sont trop faibles, il me faut développer mes technologies et agrandir mon espace vital. Mes fantassins sont trop peu nombreux, car ils n’ont plu de nourriture … Vite revoyons la chaîne de production. Mais pourquoi ces chasseurs ne me ramènent plus de gibier ? Ah, j’ai coupé toute la forêt. Bon j’ai perdu, mais je vais mieux gérer la prochaine fois. Et oui, vos premières parties ressembleront à peu près à ça. Après quelques heures d’apprentissage et quelques conseils avisés, vous devriez être enfin prêt à gagner votre première partie. Le réseau social est assez développé et leur forum très fourni, alors n’hésitez pas à bien tout lire, vous y apprendrez plein d’astuces.

.Bilan

Au final, vous l’aurez compris, ce dernier épisode est un vrai trésor. Tant sur le plan technique, graphique, musicale, mais aussi et surtout sur le gameplay. Blue Byte a réussi le tour de force de renouveler son jeu, tout en revenant à sa première idée. Faire un jeu plaisant de gestion, avec beaucoup de tactique. Ne vous trompez pas en l’achetant, si vous pensez qu’il s’agit d’un STR, passez votre chemin, vous ne serez que dessus. Vous trouverez le jeu lent, et vous serez effaré devant la résolution automatique des combats. Pour les vrais fans de Settlers, vous pouvez y aller les yeux fermés.

Les Plus

Les Moins

Appréciation globale