Europa Universalis IV : Dharma

Europa Universalis 4 : Bannière

Europa Universalis IV, le jeu phare de Paradox Development Studio, est aussi celui d’une nombre grandissant d’extensions.

Après Cradle of Civilisation centrée autour du Moyen-Orient, la douzième extension, Dharma, complétée par la mise à jour gratuite 1.26 « Moghols », publiée ce jeudi le 6 septembre, se focalise sur le sous-continent indien. Cette vaste entité géographique, riche et prospère, mais aussi très peuplée et divisé entre différentes religions et cultures dispose donc désormais de ses fonctionnalités et mécaniques spécifiques. L’objectif de l’équipe responsable du développement d’Europa Universalis IV chez Paradox Development Studio était ainsi d’à la fois donner plus d’importance à cette région et de représenter sa diversité. Cependant, Dharma ne se limite pas strictement à l’Inde, et comprend aussi d’importants changements à travers toute la carte du jeu, avec principalement le système de réformes gouvernementales.

Des réformes gouvernementales permettant des choix stratégiques, malgré une superposition

Le nouveau système des réformes gouvernementales, annoncé en tout début de développement de Dharma et très attendu par de nombreux joueurs, est forcément l’un des aspects principaux de l’extension, en prenant en compte sa portée au-delà des frontières indiennes et les nouveaux choix qu’il permet. Alors que le changement de gouvernement était jusqu’à présent un simple clic directement lié aux technologies administratives et les points de puissance administrative, il est désormais entièrement séparé des technologies et des aptitudes des dirigeants. À la place, une nouvelle interface permet de promulguer ou changer des réformes sur un total de sept différents niveaux. Une nouvelle progression de points de réforme gouvernementale liée à la moyenne d’autonomie provinciale donne au joueur la possibilité d’avancer. Chaque niveau pouvant garder active seulement une réforme à la fois, le joueur aura désormais plus de choix stratégiques, et devra sélectionner la réforme qu’il préfère, menant ainsi son pays vers un certain type de gouvernement. Grâce à ce système, les particularités historiques sont désormais représentées, et les régimes spécifiques qui avaient été ajoutés au fur et à mesure des extensions sont mieux intégrés. De plus, la progression est plus réaliste, et chaque type de gouvernement dispose de ses propres réformes, permettant non seulement de différencier plus entre par exemple une monarchie et une république, mais aussi de faciliter la transition.

L’écran des réformes gouvernementales, avec ici la réforme spécifique de sultanat indien

 

Cependant, ce système s’ajoute à bien d’autres façons d’accumuler avec le temps différents types de points, et risque une superposition des différentes mécaniques indépendantes, qui ne forment pas toujours un ensemble cohérent. Par exemple, la valeur d’absolutisme apparaissant lors de l’ère des absolutismes entre ainsi un peu en conflit avec les dernières réformes gouvernementales. Reste à voir si son intégration avec le reste du jeu sera améliorée dans les mises à jour qui viennent.

Une refonte des ordres accompagnée d’ajouts pour les pays indiens, et de nouvelles missions spécifiques réussites

À l’origine ajoutés avec l’expansion The Cossacks, les ordres seront désormais rendus gratuits pour tous les joueurs avec la mise à 1.26 « Moghols ». Ce changement de politique, avec pour compensation un régime politique cosaque unique et le fait que l’ordre reste spécifique, permet à Paradox d’enfin retoucher ces fameux ordres et d’en changer le fonctionnement afin de les améliorer, ce qui était déjà demandé depuis longtemps, notamment sur le forum anglophone. Pour ceux qui achètent Dharma, il y aura du coup des ordres spécifiques pour le sous-continent indien, qui permettent de mieux représenter la réalité historique, rendant le jeu plus immersif et ouvrant de nouvelles possibilités d’interactions, liés à des événements. Ces ajouts, plutôt réussis (même si les nombreux événements apparaissant soudainement en plein milieu d’une guerre ne sont pas toujours pratiques à gérer), donnent une toute autre dimension à cette région et la différencie des pays occidentaux.

Quatre des cinq ordres disponibles dans ma partie, avec la liste des décisions disponibles par rapport aux brahmanes

 

De plus, les missions spécifiques ajoutées, avec pour base le système qui a été introduit dans la dernière mise à jour gratuite 1.25, facilitent une orientation historique des objectifs du joueur, et donnent des défis à ceux qui veulent dominer toute la carte. Néanmoins, ces nouvelles missions demeurent limitées à certains pays historiques, donc ne vous attendez pas à des arbres spécifiques pour des petits pays comme Dang ou Kocci. Les missions entre aussi parfois en conflit avec les événements historiques dynamiques, comme je l’ai remarqué avec ma partie avec Sirhind puis Delhi, où je ne pouvais pas débloquer la mission de conquérir Delhi avant d’en avoir réalisé une autre, malgré le fait qu’il y avait des événements spécifiques pour une conquête de cette région et se libérer du suzerain afin de le remplacer pour Bahlûl Lodi. Le système manque ainsi de flexibilité et ne s’adapte pas trop aux décisions du joueur (ou celles encouragées par le jeu). Du coup, même si les ordres, les nouveaux événements et les missions sont en général bien réalisés, de petites coquilles demeurent comme toujours, et les ressources de développement limitées signifient que certains pays disposeront de plus de contenus que d’autres. Par ailleurs, les Moghols ont un système unique afin de représenter leur nature polyglotte, avec une acceptation de culture automatique une fois que l’empire a conquis chacune des provinces où cette dernière est représentée. Le système de mousson ajouté pour la région est également intéressant, mais même si ce dernier a un impact et ajoute de l’immersion, il reste plutôt invisible, et la carte spécifique reste un peu cachée dans un menu des cartes trop rempli.

Du contenu et de la profondeur aussi pour les colonisateurs européens

Une extension consacrée à l’Inde pendant la période d’Europa Universalis IV n’aurait pas été complète sans des nouvelles options pour les puissances européennes colonisatrices. En raison de cela, le système de compagnie commerciale ajouté il y a de plusieurs années dans l’expansion Wealth of Nations aura avec Dharma un volet diplomatique, offrant la possibilité de diplomatiquement établir des compagnies à charte à travers l’achat de provinces des pays se trouvant dans les régions à charte. Cette nouvelle option ajoutant un aspect diplomatique et rendant possible la création d’un empire colonial pacifiquement dans un jeu sinon plutôt tourné vers la guerre et la conquête, elle est plutôt intéressante, à condition d’avoir un certain revenu. L’équilibrage reste donc à voir, pour éviter à la fois trop de restrictions et trop de facilités.

Complémentairement à l’achat, les nouveaux choix d’améliorations des provinces disposant d’une compagnie commerciale permettent différentes constructions avec trois niveaux d’investissements possibles dans cinq catégories, et un dernier niveau restreint à une seule contrée par compagnie. Une troisième fonctionnalité, d’une ampleur moins importante mais moins spécifique, est celle permettant d’utiliser les colonisateurs pour développer des provinces. L’intérêt de cette option étant limité pour un pays colonisateur avant la fin de partie, elle se tourne vers un nombre réduit de pays qui auraient suffisamment de colons pour à la fois coloniser et développer. Ces trois différentes fonctionnalités liées aux puissances qui font le choix de coloniser et de créer des empires en dehors du continent de départ devraient plaire aux joueurs qui aiment ce style de jeu, tout en rendant possibles des nouvelles stratégies en cours de partie. Par contre, comme toujours, l’IA demeure souvent mal équilibrée par rapport aux joueurs, ce qui est plutôt dommage car cela empêche de véritables affrontements en dehors du multijoueur compétitif.

De nombreuses petites fonctionnalités sans trop de rapport avec le thème de l’extension qui s’accumulent, mais des refontes gratuites Poussées

En outre de ces fonctionnalités, les développeurs ont fait le choix d’inclure un certain nombre de petites mécaniques de tous genres dans Dharma. La volonté d’améliorer le jeu et d’ajouter plus de contenu étant en général plutôt un avantage, il faut aussi éviter d’en ajouter trop, au risque de lasser et de faire perdre l’intérêt. Dans EU4, cet exercice d’équilibre entre l’ajout et le surnombre a toujours posé un problème, mais devient surtout un problème après d’innombrables expansions traitant de thèmes très divers. Du coup, l’inclusion de l’option de neutraliser les rebelles dans une certaine région paraît de premier abord intéressant, mais l’intérêt de faire cela, plutôt que d’entraîner les troupes et les placer dans des provinces spécifiques, ou encore affaiblir les rebelles avec de la puissance militaire, ne semble pas trop valoir le coup, dans une interface des unités déjà très chargée. En attendant une refonte de cette dernière, l’utilité de cette fonctionnalité niveau jouabilité semble peu importante. Par contre, le développement des carrefours commerciaux présente un choix stratégique plus intéressant, surtout pour les parties orientées vers le commerce, même si la portée du changement est là aussi finalement plutôt limitée. La possibilité d’à présent outrager un pays en plus de l’insulter est également utile pour créer des nouveaux ennemis et se faire des amis.

La carte du sous-continent a été mise à jour avec bien plus de détails, mais notez que ces changements sont entièrement gratuits

 

Avec les états, Paradox ont tout de même réussi à mieux intégrer un système existant et de l’améliorer pour tous les joueurs, donc espérons que cela continuera d’être le cas dans de futures mises à jour. Pareil pour la refonte des politiques, qui sont désormais plus intéressantes et que Dharma approfondit en plus des changements de la mise à jour gratuite. Ce choix de développement du jeu semble préférable, plutôt que d’ajouter de nouvelles fonctionnalités mineures sans trop de lien par rapport au reste de l’expansion, qui donnent le sentiment d’avoir trop de boutons dans une interface bondée.

Du contenu graphique et de lA musiques

Comme d’habitude, ceux qui le veulent peuvent aussi ajouter un DLC en plus, avec des nouvelles bandes de son indiennes, des portraits de conseillers et des rendus d’unités. Par contre, Paradox ont fait le choix de nouveau de tout inclure dans un seul DLC, et il est donc impossible de seulement acheter les portraits de conseillers sans la musique ou vice-versa.

Les éléphants de guerre ajoutent de l’immersion

Les Plus

– Des réformes gouvernementales approfondies, avec plus d’immersion et de cohérence

– Des missions et des ordres indiens qui permettent de mieux représenter la réalité historique avec plus d’interactions

– Des nouvelles possibilités stratégiques pour les puissances colonisatrices européennes qui approfondissent l’interaction avec le sous-continent

– Des grosses refontes gratuites qui sont approfondies avec l’extension

Les Moins

– Une superposition de systèmes de points, qui ne correspondent pas toujours et qui peuvent être difficiles à équilibrer

– Un manque de flexibilité et trop de rigidité historique des missions

– Trop de boutons et de systèmes peu importants qui remplissent l’interface

Appréciation globale

Dharma est une extension qui réussit l’approfondissement et de rendre plus immersif les parties et les interactions avec l’Inde. En dehors de cela, malgré des concepts intéressants à première vue, toutes les fonctionnalités ajoutées ne sont pas forcément nécessaires ou bien intégrées. Le tout pour un prix qui reste finalement abordable par rapport au nombre d’ajouts à la fois dans la mise à jour gratuite et l’extension, même si Dharma n’est finalement pas indispensable en raison de l’importance de ces ajouts gratuits.